LE SPHINX


Cette vielle a été répertoriée lors d'un travail de Jean Loup Fontana, Michel Foussard, Michel Graniou et Michel Bianco sur la vielle à roue dans les Alpes du sud. Un inventaire précis, qui a donné lieu à une exposition et à son catalogue.

  • Collection privée, Allos, Alpes de Haute-Provence. - Anonyme.
  • Plan et description établis sans démontage.

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Description


Etendue : 2 octaves chromatiques sol-sol sans dernier fa dièse.
2 chanterelles, 2 bourdons (mais 6 chevilles).
Forme en guitare très peu cintrée, à l'asymétrie particulièrement marquée, l'épaule droite montant.
Eclisses de noyer d'une pièce pour chaque côté de part et d'autre d'une plaque centrale au pied.
Fond de noyer d'une pièce.
Table de noyer forcée sur barres cintrées, l'éclisse donnant la courbure. Deux ouïes en C axées vers le chevalet des chanterelles, creusées à mi-bois seulement en leur centre. Traces de courbes à la pointe sèche près de l'ouïe côté trompette. Sous le boîtier deux groupes de trous disposés en losange (neuf trous côté tête, 12 côté chevalet).

Tête et chevillier dans un seul bloc de bois fruitier mordant de 2 cm sur les éclisses, le chevillier débordant sur le boîtier. Une coiffe plate couronne la tête, sans autre décor qu'un bandeau frontal à motifs de triangles qui se prolonge pour former bordure du chevillier, sur les joues de l'avers duquel se remarque la palmette stylisée caractéristique des vielles d'Allos. Un quadrillé à fleurettes de cinq pétales décore les joues, quelques fleurettes se trouvant également parsemées sur l'avers du chevillier.
Six chevilles au profil cranté de bois dur indigène (sorbier ?). Oreilles de noyer.



Cliquez pour agrandir l'imageBoîtier de hêtre, au fronton de noyer percé d'un cercle et d'un cour pointe en haut, tasseau récent côté chevillier, sillet de hêtre également récent. Marquage du clavier sur les faces internes et externes des joues.
Le couvercle de cerisier (?), présente un léger évidement, et porte au revers un décor de fleurettes à quatre pétales. 2 charnières à boudin métallique. Le fermoir manque.

13 marches, avec imbrication des cinquième et sixième, comme des douzième et treizième, la première, la huitième et la dixième présentant un décor en quadrillé de conception différente pour chacune. Matières diverses : sorbier pour les première et dixième marche, cormier pour les deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième, neuvième, treizième, hêtre pour la septième, os pour la huitième, bois dur non identifié pour la onzième, érable mou (reconstitution) pour la douzième. Dix feintes en bois divers : noyer, sorbier, cormier, buis. Sautereaux de bois durs indigènes avec de nombreux remplacements en érable. On lit diverses étapes de restauration.

Le chevalet des chanterelles, de bois très dur, s'orne à la base d'un coeur percé pointe en haute sommé d'un trou circulaire couronné d'une fleurette à six trous elle-même surmontée d'un petit trou (diamètres décroissant). Une face porte à la base un décor de quadrillé. Le chevalet se trouvait à l'origine collé à la table. On note actuellement deux petits clous sous le pied, sans trouver de trous correspondant sur la table. L'arrête supérieure du chevalet est une. pièce rapportée, d'un bois d'une même dureté.
Les chevalets des bourdons sont de noyer. Celui de gauche présente les traces d'encastrement du chien (trace de percussion correspondante sur la table). On note sur celui de droite un petit ergot destiné à l'accrochage du cache-roue. Le plot de trompette demeure.
Le cordier, de noyer, qui va s'amincissant et se rétrécissant à partir de sa base, s'orne de deux filets marqués au trusquin, et se trouve percé de trois trous. La cheville de trompette est en bois de cormier.
La roue, de houx (?) est un remplacement. La poignée de manivelle, en houx, recouvre l'axe au moyen d'une cheville. Un bandeau de quatre filets au trusquin rapprochés décore le cache-roue, de noyer cintré (traces de brûlure sur le revers), qui se rétrécit aux pieds d'élégante façon. Butées de noyer peintes et chevillées.
Un bouton d'attache de sangle sous le chevillier, deux autres au pied, de part et d'autre de la manivelle, tous les trois en bois dur indigène. Les deux plaques de fixation des bourdons sont en corne et présentent un seul trou pour celle du côté clavier, deux trous pour celle du côté trompette.
L'instrument, actuellement ciré, ne montre aucune trace de vernis. Les butées de cache-roue, les joues du boîtier, la tête demeurent teintées de noir, teinture dont on relève également les traces sur la table et le couvercle.



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Assemblages


  • Table-éclisses : colle. Traces de clous, clous et chevilles, dus peut-être à des interventions successives. - Fonds-éclisses : colle, traces de clous, dont certaines de clous anciens forgés (section carrée).
  • Tasseau (de noyer) - fond et table : colle.
  • Tasseau du pied-éclisses : colle, traces d'anciens clous ayant provoqué des fentes. Clous carrés et ronds arasés (ponçage de l'instrument).
  • Tasseau du haut
Encastrement des éclisses (différemment de chaque côté).
La base du tasseau ressaute à l'extérieur.
  • Chevillier-boîtier : mortaise.
  • Oreilles collées sur les joues du boîtier.
  • Fixation du cordier : à droite deux clous ronds, à gauche, deux clous et cheville (traces de coups de marteau sur le bois).
  • Barreaux : fixés par une cheville à chacune des éclisses.


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Structure interne



Le tasseau du haut reçoit l'éclisse gauche complètement encastrée, mais seule se trouve encastrée la partie inférieure de l'éclisse droite.
Le tasseau du pied présente une section rectangulaire sans chanfrein (50x20 approximativement).
Ni contre-éclisses, ni renforts d'éclisse.
Trois barres de fond, d'une largeur de 40 mm pour une épaisseur de 5 mm, ne rejoignant pas les éclisses.
On remarque l'emplacement des âmes disparues - dont une, sans doute, se trouvait sous le boîtier.
Trois barres cintrées sous la table, les barreaux se trouvant renforcés au passage de l'axe.


Historique


La tête de Sphinx provient d'une maison appartenant à la famille Michel, de Villard d'Allos. La chronique locale mentionne l'existence, vers 1870, d'un "Michel-Viola", qui aurait été le dernier musicien ambulant d'Alios. L'identité de nom nous conduit à suggérer que la tête de Sphinx a pu être son instrument.
Le Sphinx a fait l'objet d'un remontage, d'un ponçage et de réglages vers 1965.


Mesures en (mm)

Longueur hors tout sans la manivelle 595
Longueur du fond 463
Largeur du fond à la tête 199,5
Largeur du fond à la taille 180
Largeur du fond au talon 252
Hauteur de la caisse à la tête 76
Hauteur de la caisse au pied 104
Diamètre de la roue 155
Largeur de la bande de frottement 14,5
Longueur de corde vibrante de la chanterelle 344
Longueur de la corde vibrante des bourdons 353
Epaisseur de la table (autour de 5 vers le bas) de 3,2 à 6
Epaisseur des éclisses autour de 5
Epaisseur du fond 3,5
Epaisseur du cache-roue 4,5
Diamètre de la chanterelle 120
Diamètre du bourdon de trompette 100
Diamètre du petit bourdon...  Sol de violoncelle
Poids 2200 g
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